C'est en me préparant ce matin que je me suis rendu compte que faire les magasins devenait vital. Je n'ai plus un seul soutiens-gorge à ma taille, je me sens oppressée dans chacun d'entre eux. J'ai dû abandonner l'idée d'en mettre un pour aujourd'hui et c'est comme-ci il me manquait quelque chose, je me sens nue. Forcément, le jour où j'ai le plus besoin d'une aimable personne pour m'accompagner, la maison est pratiquement vide, il ne reste que mon demi-frère mal-aimé qui est disponible toute la journée. Hors de question de remettre cette sortie à plus tard, il n'aura pas le choix, je l'habillerais moi-même s'il le faut. Il a intérêt à être de bonne humeur et de ne pas faire sa mauvaise tête, j'ai envie que cette journée soit extra. « Linden tu t'habilles on sort ! » je ne précise pas ce qu'on va faire, j'en ai déjà assez parlé ces dernières semaines. Il finit par accepter non sans râler, je ne me vexe pas, je le connais c'est dans ses habitudes. J'ai même cru que j'allais devoir le faire entrer de force dans la voiture et l'attacher avec une corde pour qu'il se tienne tranquille le temps de la route. Au final, je suis même déçue qu'il soit rentré dans le véhicule aussi facilement, j'aurais aimé le ficeler à son siège, moi.Seulement, il me prend rapidement le choux à bougonner. Il fait même exprès de trainer des pattes, je reviens rapidement en arrière et lui attrape la main pour le forcer à avancer plus vite, la serrant plus que nécessaire. « T'es idiot de naissance ou c'est un phénomène qui est apparu au fil des années ? » je me dirige vers l'entrée en râlant moi aussi, il déteint déjà sur moi, tout innocente que j'étais. Je claque des pieds et le tire derrière moi, je dois passer pour une meuf qui essaie de forcer son copain à subir les pires tortures.Avoir ce genre de pensées me ferais presque dire que je suis trop dure avec lui, alors qu'en fait pas du tout. « Pervers. T'es là pour m'éviter d'avoir mal aux bras, surtout. » j'évite de lui dire qu'il a la force idéal pour ce job, je n'ai pas envie qu'il prenne la grosse tête avec un compliment venant de moi. Contrairement à ce que je peux laisser paraître, j'apprécie énormément mon demi-frère, on était fait pour être lié d'une quelconque façon. Il me fait rire, notre relation est devenue une des meilleures choses qui me soit arrivé, mais je ne l'avouerais jamais à haute voix, plutôt mourir. Au loin, je repère la boutique de sous-vêtement, celle dans laquelle je suis dans l'obligation de passer. D'ailleurs, je m'y dirige sans tarder, j'ai l'impression d'être une mémé à me balader sans dessous. J'essaie de me retenir d'accélérer le pas, je ne veux pas avoir l'air trop pressante, on pourrait se poser des questions. J'ai finalement arrêté de tirer sur le bras de Linden, les regards des passants devenaient agaçants. « Je veux aller là avant, tu m'attends devant ou tu veux entrer reluquer les vielles filles ? »