Give me a drink.

Tu es là à regarder le fond de ton verre de tequila un sourire niais aux lèvres. Tu as bu déjà combien de verres au fait? Tu fronces les sourcils une minute et fouilles ton esprit embrumé avant d'hausser les épaules Tu ne sais plus trop et après tout tu t'en fiches pas mal. Tu as passé la soirée au Night-Club à danser et à boire. Tu t'es amusé, défoulée pendant des heures jusqu'à en avoir mal aux pieds oubliant tous ces choses qui te gâchent la vie. Plus de père trop exigeant, de sœur parfaite, de petit ami déjà fiancé à la sœur parfaite qui plus est. Tu prends brusquement ton verre et le fini d'une traite avant de grimacer. Tu lèves alors les bras en poussant un cri de joie sans trop savoir pourquoi. Tu en avais envie c'est tout. Tu reposes bruyamment le verre sur le bar et en demande un autre joyeusement. Le barman te regarde en haussant un sourcil : "Désolée Miss mais tu as déjà assez picoler comme ça. Je n'ai pas envie d'appeler les pompiers parce que tu fais un coma éthylique" Tu lui fait alors un mine de petit chiot battu ça marche à tout les coups "Rooh allez soyez sympa! Juste un petit dernier pour la route et puis j'arrête promis! S'il vous plaaaaiiiittt" Tu as beau lui les yeux doux il reste impassible, à croire qu'il n'a pas de cœur ce type "J'ai dis non. Maintenant tu paies ta consommation et tu lèves ton joli petit cul pour rentrer chez toi" Déconfite tu poses la tête sur le bar en pleurnichant :"Z'êtes méchant..." Tu te redresses en boudant et fouilles dans ton sac, quelques secondes, puis une minute, puis deux... Tu viens de te rendre compte que tu n'as pas d'argent avec toi. Tu es pour ainsi dire dans de beaux draps. Tu relèves la tête vers le barman qui ne t'a pas quitté des yeux et lui fait ton plus beau sourire "Euuuh... je crois que j'ai oublié mon porte feuille" Il fronce alors les sourcils "Arrête un peu tes conneries. Je te préviens tu ne bougeras pas d'ici avant de me payer ce que tu me dois ou j’appelle les flics tu dessaoulera chez eux" Il te plante alors sur place pour servir un autre client en te gardant à l’œil. Tu restes là réfléchissant comme tu le peux à une solution. Tu fins par avoir une idée dans un éclair de lucidité. Prenant ton portable dans ton sac et commence à chercher un numéro avant de regarder l'écran en fronçant les sourcils. Après une dizaine de secondes tu le retournes. A l'endroit c'est quand même plus facile. Trouvant enfin le numéro que tu cherchais tu colles ton téléphone à ton oreille. Une sonnerie, deux sonneries, trois. Jeremy finit enfin par répondre. "Jeminounet d'amooour! Tu dors? Dis j'ai un problème, je suis un peu coincée là. J'ai besoin d'un coup de main. Je suis au Night-club et je viens de me rendre compte que je n'ai pas d'argent sur moi. Le barman veut appeler la police, tu veux bien me dépanner dis? s'il te plaiiiit" Rien qu'au son de ta voix on deviner que tu n'as pas bu d'eau ce soir.

Arya ∞ Jeremy

Jeremy s’attendait à passer une soirée paisible. Il la méritait, après tout, il passait déjà toutes ses journées dans les locaux du journal local et le soir, il n’aspirait qu’à une chose, se poser dans son canapé avec une bière et la télévision pour meilleure amie. Une routine constante, un système bien huilé. Jem n’aimait pas les surprises, pas vraiment. Le contrôle de ta vie ! Toujours. Alors, ce soir-là, il pensait réellement passer une excellente soirée en tête-à-tête avec sa bouteille, mais non. Il avait fallu qu’une fille lui téléphone – toujours les filles, bon sang ! Il aurait dû s’en méfier dès le début et préférer la compagnie d’ours en peluche plutôt que de côtoyer la gent féminine. Il ne dormait pas, mais avait égaré son téléphone portable quelque part sous les coussins du canapé, si bien qu’il laissa plusieurs sonneries retentir avant d’enfin jeter un coup d’œil sur le nom affiché. Arya. Pourquoi ça ne l’étonnait même pas ? La vie de son amie était déjà tellement compliquée. Elle était amoureuse de son futur beau-frère, Joshua, et accessoirement le meilleur ami de Jem et tous les deux étaient sortis ensemble il y a longtemps, dans ce qui semblait être une autre vie. Jemimounet. Rien qu’en l’entendant l’appeler ainsi, de sa voix mielleuse qu’elle maîtrisait tant, il frissonna. Ça allait encore être pour sa pomme et lui, le véritable gentleman, le parfait gendre – en apparence – ne refuserait pas, parce qu’on ne refusait rien à une fille comme Arya. « Qu’est-ce que tu as fabriqué encore ? »  grogna-t-il, un peu frustré d’être interrompu dans sa soirée à ne rien faire.

Il l’écouta sans mot dire raconter qu’elle se trouvait au night-club de Woodburn et il leva les yeux au ciel. De mieux en mieux ! S’il fréquentait souvent les bars du coin, son péché mignon, il ne se rendait pas souvent en boîte, ça n’était pas son truc. Au milieu de cette odeur de transpiration et de tous ces jeunes désœuvrés se trémoussant sur la piste, il se sentait perdu, comme un gosse. Malheureusement, Arya semblait bien éméchée et il ne pouvait la laisser toute seule là-bas, sinon il ne pourrait dormir de la nuit. Il faillit lui répondre que finir la nuit en cellule de dégrisement lui rafraîchirait peut-être les idées, mais Jeremy n’était pas comme ça. Même s’il rêvait de l’être par moments, il manquait parfois de courage. « Ok, écoute… Ne bouge pas de là où tu te trouves, j’arrive. T’entends ? Tu ne commandes pas un autre verre et tu ne suis pas le premier abruti venu dans les toilettes dégueulasses de la boîte, compris ? »  Il avait l’étrange impression de s’adresser à une enfant de cinq ans, mais non, c’était juste Arya. Manquait plus qu’elle ne fasse une mauvaise rencontre dans les parages et se retrouve à vagabonder avec un mec douteux. Réprimant un soupir, il raccrocha et n’hésita qu’une seconde avant d’attraper sa veste et ses clés de voiture. Et bon sang ! Il avait bu. Pas suffisamment – il comptait se mettre minable plus tard dans la soirée, bien après le coup de fil d’Arya – et une bière n’allait pas le tuer, mais s’il buvait plus que de raison, il était raisonnable niveau conduite. Il se haïssait de prendre le volant malgré tout et caressa l’idée d’appeler Joshua à la rescousse. Finalement, il s’abstint, car si Arya l’avait appelé lui plutôt que son meilleur ami, il y avait forcément une raison. Alors il se dirigea à l’extérieur, d’assez mauvaise humeur, en priant pour être encore en vie à la fin du trajet.

Arya se trouvait en effet toujours près du comptoir et la voir le soulagea un peu. Au moins, elle était toujours en vie. Visiblement ailleurs, sur un petit nuage et complètement démontée, mais bien vivante. Il la dévisagea de haut en bas, comme s’il ne la reconnaissait pas, et les lèvres légèrement pincées, demanda «  Combien de verres tu as bu, au juste ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que tu fiches ici toute seule ? C’est pas dans tes habitudes ». Il se demandait si elle lui répondrait et, déjà, si elle comprenait ce qu’il disait. Avec un peu de chance, son cerveau n’était pas encore totalement embrumé par les vapeurs de l’alcool. Même si en la dévisageant avec attention, il songeait qu’à ce niveau, c’était perdu d’avance.

Give me a drink.

Tu finis ta plaidoirie et te mords la lèvre en attendant sa réponse. Tu n'avais pas vraiment envie de finir ta nuit entre les murs gris et froids d'une cellule de dégrisement. Tu as déjà tenté l'expérience quelques fois et tu ne souhaites pas trop recommencer. Les quelques secondes de silence de ton ami t'angoisse un peu. Et s'il refuse et te dit de te débrouiller toute seule? Qui appellera tu à la rescousse? Tes parents? Ta sœur aînée qui est enceinte? Tes petites sœurs qui ne sont pas encore majeures?  Ce n'est même pas envisageable. Un nom te vient à l'esprit mais tu secoues aussitôt la tête. Non tu t'ai juré de ne plus revoir Joshua, ça te fait trop mal. Tu aura juste envie de te blottir dans ses bras et... La voix de Jeremy te tire de tes pensées et la tension de ton corps se relâche. Jeremy vient à ton secours. Comme souvent d'ailleurs. Il te parle comme à une petite fille et toi tu hoches frénétiquement la tête en souriant comme une gamine puis tu te rappelles  qu'il ne te voit pas. "Promis je reste là. Je suis sage, je t'attend et je ne suis personne. Merci Jeremy."

Jeremy c'est le gars en or qui prétend le contraire. Tu le connais depuis longtemps maintenant, vous êtes même sortis quelques temps ensemble alors tu es bien placée pour affirmer que c'est un véritable trésor, un adorable râleur au cœur tendre. C'est l'une des meilleures personnes que tu connais et tu te demandes d'ailleurs pourquoi il n'a pas encore trouvé sa moitié. Il le mérite vraiment. Tu devrais peut être lui donner un coup de pouce?  Tu commences alors à comploter un plan des plus farfelus pour caser Jeremy avec la future femme de sa vie, parlant à voix haute sans t'en rendre vraiment compte. Le barman te surveille toujours et tu profites de chaque occasion qu'il est le dos tourner pour lui tirer la langue. C'est décide ce soir tu as 7 ans d'âge mental. Après tout c'est cool d'être une gamine et c'est surtout beaucoup moins prise de tête. Tu passera tes journées à regarder des Disney en t’empiffrant de marshmallows et en étant persuadée que ta marraine la bonne fée va t'apporter le prince charmant en frottant la lampe magique. Et vous vous partirez en tapis volant aux pays de merveilles boire le thé avec Peter Pan et Sebastien, le crabe musicos. Oui à partir de demain tu t'y mets c'est décidé.

Perdue dans tes délires tu ne vois pas le temps passer et tu ne te rends compte que Jeremy est arrivé qu'en entendant le son de sa voix. Un sourire niais aux lèvres tu te lèves pour lui sauter au cou en riant. "Mon sauveur tu es là! Euuuh attend je compte... Un, deux, trois... J'sais plus trop. Ce n'est pas grave hein? Je suis juste trooooooop contente de te voir! Je ne sais pas, je n'avais pas envie d'être avec quelqu'un. J'avais juste envie de boire, boire pour oublier. Et tu sais quoi? ça a marché! J'en aie même oublié mon porte feuille. Mais je te rembourserai promis juré!" Tu mis la main sur ton cœur en manquant de chanceler. Arya Rubis Heartfield tu es dans un bel état, jeune fille! Tu entends d'ici les reproches que ton père te ferait. Une attitude déplorable! Tu devrais prendre exemple sur sur Lyra, ta sœur paaarrrrfaite. Tellement parfaite qu'elle va épouser l'homme que tu aimes et avoir un bébé de lui. Les yeux rivés sur le sol tu m'as plus du tout envie de rire bizarrement....

Arya ∞ Jeremy

Point positif, Arya n’avait rien. Enfin, façon de parler, puisqu’elle était dans un état pas possible. Jeremy n’était pas du genre à se foutre des autres complètements bourrés, à profiter de la situation ou bien à en rigoler. Non, lui, il était sérieux. Un peu trop même. Mais il ne plaisantait pas avec l’alcool et, même s’il buvait souvent – pas alcoolique, non ! Il s’en défendait – il était rarement ivre. Arya lui avait promis au téléphone d’être sage et au moins, elle était raisonnable. Ou peut-être tout simplement ne pouvait-elle plus se lever de son siège sous peine de vomir tout le contenu de son estomac, mais Jem évita de le lui demander. Elle semblait heureuse de le revoir et pour manifester sa joie, lui sauta littéralement au cou. Jeremy ne put empêcher un sourire amusé et presque attendri. Content de faire cet effet là, oui. Content d’être aimé, putain. Même si c’était par une fille bourrée. Et accessoirement, son ex, avec qui il ne se passerait plus jamais rien, parce qu’elle était amoureuse de son meilleur ami. Et que, parfois, même s’il ne le disait pas, même s’il s’en fichait, ça lui foutait un coup au moral. De se dire que bon sang, ça aurait pu être moi. « Ton sauveur, oui » .  s’amusa-t-il, une lueur brillante dans les yeux. Il l’observa tenter désespérément de compter le nombre de verres qu’elle avait bu, sans succès. Beaucoup.

Il haussa les épaules avant de s’écarter légèrement, comme pour mettre fin à leur étreinte improvisée. Comme pour dire ce n’est pas moi qui devrais être là. « T’inquiètes pas pour le fric, tu me rembourseras en temps voulu, ce n’est pas un problème ». . De l’argent, il n’en manquait pas. De part grâce à son job, mais également parce que Jeremy n’était pas quelqu’un de dépensier, quelqu’un qui balançait son fric par les fenêtres – sauf en alcool, au bar. Raisonnable, peut-être même trop. Mais au moins, il n’avait jamais eu le moindre problème et il lui arrivait de dépanner ses amis, la plupart du temps, le remboursement suivait. Parfois non. « Pour oublier ? Qu’est-ce que tu voulais oublier, hein ? T’sais que ce n’est pas vraiment le meilleur moyen… » Intérieurement, il rigolait. Parce que c’était l’hôpital qui se foutait de la charité, clairement ! Il buvait pour oublier lui aussi, alors qui était-il pour donner des leçons aux autres ? Puis il avait une petite idée de ce dont elle parlait. Par tact, il ne dit rien, attendant qu’elle lui parle. Il paraît qu’il était doué pour écouter, une bonne tête, disait son père quand il était encore là. Les gens lui faisaient confiance. C’était peut-être pour cette raison qu’il était si bon dans son job, parce que les gens lui parlaient. Il jeta un coup d’œil en direction de la sortie et demanda finalement : « Tu veux rester encore un peu ou bien… j’te ramène chez toi ? ». Il s’en fichait. Rester ou partir, quelle importance ? Mais c’était pour elle. Il se voyait mal la redéposer sur le pas de sa porte dans cet état, elle ne trouverait sûrement même pas le chemin de la chambre !